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L'éternel indécis
23 octobre 2018

Numérique et sociabilités de proximité

Les dernières années ont vu l’émergence de plateformes numériques qui se positionnent sur le lien social au sens large, c’est à dire qui se considèrent comme contribuant aux sociabilités de proximité et au renforcement de la convivialité, mais également au développement de formes de solidarité et d’entraide, combinant ainsi approche sociale et utilitaire. Ces plateformes s’appuient sur la mobilisation d’une “communauté”, définie soit de manière géné- raliste par un ancrage territorial identifié (ex. Peuplade, Smiile, Marésidence. fr), soit en partant d’une proximité affinitaire pour regrouper à l’échelle de la ville ou du bassin de vie (ex. On Va Sortir). Cette définition du lien social est différente de celle des acteurs plus classiques de l’aide et du lien social, qui développent une approche et des actions associées à une valeur de solidarité, et s’adressant le plus souvent à des publics en difficulté. Ces deux mondes échangent peu et ont des rapports avec les pouvoirs publics très différents (proches pour les “historiques”, plus légers pour les nouveaux entrants, qui restent éloignés des acteurs publics et ne se perçoivent pas pour la plupart comme proposant un « service public »). Cependant, une concurrence peut émerger, à la fois par la production d’un nouveau discours sur l’inclusion sociale, et à un niveau matériel, en particulier sur des modalités de type appels à projets, qui représentent aujourd’hui la forme principale de financement et de soutien des collectivités aux actions locales. Les plateformes “sociales” comme les réseaux sociaux de voisinage proposent souvent avant tout un service aux citoyens, utilisateurs de la plateforme (ex : réseau d’échange local de biens ou de services, informations sur le quartier et la vie locale, messagerie partagée…). Ces nouveaux entrants ont cependant progressivement choisi de proposer des offres spécifiques aux collectivités (canaux de communication avec les citoyens ou d’alerte, gestion de remontées citoyennes, analyse de l’activité du territoire…), pour des raisons économiques mais également pour mobiliser les communautés de citoyens déjà en interaction avec la collectivité. Des collaborations nouvelles entre nouveaux entrants et acteurs urbains de l’aménagement et de la gestion immobilière (amont et aval) donnent naissance à de nouvelles offres de services territorialisées, à des micro-échelles (bâtiment, quartier) auxquelles les collectivités territoriales ne prennent pas part. Si elles présentent une opportunité en termes de qualité de vie “clé en main”, ces nouvelles offres comportent le risque de renforcer le développement de territoires à plusieurs vitesses, et d’affaiblir par une nouvelle intermédiation le lien entre collectivités et citoyens. L’émergence de nouveaux acteurs numériques des sociabilités locales ne paraît pas au premier abord constituer un enjeu immédiat de gouvernance au niveau local… mais les collectivités territoriales ont plusieurs raisons de collaborer avec les plateformes “sociales”, notamment des opportunités d’encourager les sociabilités à l’échelle du quartier ou du territoire, ou les engagements civiques des citoyens ; et la volonté d’assurer que ces plateformes s’orientent vers une contribution positive et durable aux sociabilités et aux solidarités urbaines, en complémentarité avec les actions et les services existants.

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